BANDELETTE SOUS URÉTRALE
Le but de l’intervention est de traiter l’incontinence urinaire par la mise en place d’une bandelette sous urétrale.
La maladie
L’incontinence urinaire d’effort est une des conséquences possibles de la chirurgie de la prostate. Elle peut apparaître après une prostatectomie totale pour cancer de la prostate, ou plus exceptionnellement à la suite d’une intervention pour adénome de prostate (adénomectomie par voie haute ou résection de la prostate par voie endoscopique).
Les fuites urinaires peuvent se produire quand ce sphincter externe n’est pas assez efficace du fait d’une élévation brutale de la pression dans la vessie, lors des efforts (toux, rire, activités sportives…).
L’incontinence d’effort peut aussi survenir après une chirurgie prostatique réalisée pour un adénome. La perte d’efficacité du sphincter externe, affaibli à la suite de la chirurgie ou en raison de l’âge, en est la principale cause.
Principe de l’intervention
La bandelette sous-urétrale trans-obturatrice a pour but de :
- Rétablir la position initiale de la partie proximale de l’urètre, en la remontant vers le col de la vessie.
- Procurer un soutien anatomique au col vésical lors des efforts.
La bandelette est posée par voie périnéale et ses bras sont passés dans les trous obturateurs des os du bassin. Elle est fixée à l’urètre pour permettre sa remontée lors de la mise en tension.
Différents types de bandelettes tran-sobturatrices avec différents systèmes de pose sont commercialisés. Le chirurgien choisit la bandelette la mieux adaptée au dossier et à son expérience.
Existe-t-il d’autres options ?
Après échec de la rééducation périnéo-sphinctérienne, qui est un des moyens pour renforcer le plancher pelvien et réduire l’incontinence, une solution chirurgicale peut être envisagée pour des fuites urinaires persistant plus de 9 mois après la prostatectomie.
Il existe plusieurs possibilités de solutions chirurgicales avec chacune ses spécificités :
- Les ballonnets latéro-urétraux ajustables, placés de chaque coté de l’urètre, sous le col de la vessie, afin de provoquer un obstacle à l’écoulement de l’urine.
- Le sphincter artificiel, qui consiste à placer une manchette gonflable autour de l’urètre, pour stopper totalement les urines par compression circulaire. Une pompe permet d’ouvrir la manchette pour laisser la vessie se vider en temps voulu.
- La bandelette sous-urétrale.
Le choix du traitement repose sur le contexte (état général, âge, maladies déjà connues), la situation clinique (caractéristiques des fuites), l’expérience du chirurgien et la motivation du patient. La bandelette sous urétrale transobturatrice est le plus souvent indiquée dans les cas d’incontinence dite légère à modérée, c’est-à-dire avec des fuites ne dépassant pas 500 grammes par jour.
Préparation à l’intervention
Avant l’intervention, la situation peut être évaluée par différents examens :
- Estimation de l’importance des pertes d’urines a l’effort.
- Bilan urodynamique.
- Urethrocystoscopie pour vérifier l’intégrité du canal urétral et de la vessie.
- Questionnaire d’évaluation des symptômes et de la gêne occasionnée.
- Examen cytobactériologique des urines (ECBU), l’intervention n’est réalisée qu’en présence d’urines stériles.
- Bilan préopératoire avec prises de sang (recherche de troubles de la coagulation sanguine en particulier).
La consultation d’anesthésie est également obligatoire avant l’intervention. L’opéré sera informé des modalités de l’anesthésie générale ou locorégionale et des risques de la procédure d’anesthésie. L’anesthésiste peut demander des examens complémentaires (prise de sang ou examen de radiologie).
La pose d’une bandelette sous-urétrale demande :
- Une hospitalisation de quelques jours.
- Une antibioprophylaxie systématique pour prévenir l’infection.
- Une prévention de la thrombose veineuse par injection d’anticoagulants.
Technique opératoire
Après mise en place d’une sonde urinaire, le chirurgien réalise une incision périnéale, verticale, en arrière des bourses, de façon à placer la bandelette contre l’urètre.
Celle-ci est ensuite passée de chaque côté par le trou obturateur à l’aide d’aiguilles ressortant à la racine de la cuisse ; deux petites incisions supplémentaires sont ainsi réalisées pour faire sortir les aiguilles.(Figure2)
Suites habituelles
La sonde urinaire, présente au réveil, est conservée au moins pendant 24 heures. Après le retrait de sonde, le jet urinaire peut être un peu plus faible qu’auparavant.
Un traitement antalgique est prescrit si besoin. Un traitement anticoagulant est effectué pour la prévention de la thrombose veineuse
La durée de l’arrêt de travail est fixée par le chirurgien.
Les précautions de rigueur après l’opération sont d’éviter les efforts importants (port de charges lourdes supérieures à 5kg, poussée abdominale importante, activités sportives) pendant un mois. Vis-à-vis de la cicatrice périnéale, les bains sont déconseillés (privilégier les douches).
Une consultation de contrôle est prévue quatre à six semaines après l’intervention pour évaluer le résultat fonctionnel post-opératoire.
Le patient opéré doit consulter son urologue en cas :
- de brûlures urinaires persistantes, d’urines troubles ou d’odeur « forte », de fièvre, de difficultés importantes pour uriner.
- de douleurs ou rougeurs au niveau du site opératoire ou d’un écoulement à l’endroit de la cicatrice.
Risques et complications
Cette intervention est pratiquée depuis 2007 dans le traitement de l’incontinence urinaire d’effort après chirurgie prostatique. Les résultats obtenus montrent un taux de réussite de 75% avec un recul supérieur à 3 ans. Dans 25% des cas, l’intervention ne permet pas d’améliorer les troubles de façon satisfaisante, mais elle ne compromet pas un autre traitement chirurgical.
Dans la majorité des cas, l’intervention se déroule sans complication. Cependant, tout acte chirurgical comporte un certain nombre de risques et complications décrits ci-dessous :
- Certaines complications sont liées à l’état général et à l’anesthésie ; elles sont expliquées lors de la consultation pré-opératoire avec le médecin anesthésiste ou le chirurgien et sont possibles dans toute intervention chirurgicale.
- Les complications directement en relation avec l’intervention sont rares, mais possibles :
Pendant l’intervention
la technique chirurgicale est stéréotypée. Il peut exister un risque théorique de blessure des organes pelviens ou de l’urètre, ainsi qu’un risque d’hémorragie ou d’hématome.
Après l’intervention
– Infections la sonde urinaire peut favoriser la survenue d’une infection urinaire. Elle est retirée dès que possible. En cas d’infection urinaire, un traitement antibiotique est prescrit. La bandelette étant très bien tolérée et intégrée dans l’organisme, le risque de son infection est exceptionnel.
– Difficultés à uriner et rétention aigue d’urines : le jet urinaire peut être plus faible après l’intervention, du fait d’une compression de l’urètre par la bandelette. A l’extrême, un blocage complet des urines (rétention aigue d’urines) peut se produire à l’ablation de la sonde vésicale. En cas de mauvaise vidange vésicale ou de rétention, la sonde urinaire est conservée quelques jours supplémentaires. Si ces difficultés persistent, le chirurgien réévaluera l’opportunité d’examens complémentaires et d’une nouvelle intervention.
– Envies fréquentes d’uriner : des envies d’uriner plus fréquentes et plus urgentes peuvent être constatées. elles disparaissent habituellement en quelques jours ou semaines.
– Sexualité : cette opération n’a habituellement pas d’incidence sur la sexualité.
– Douleurs : elles sont généralement minimes et limitées aux quelques jours suivant l’intervention. Il est possible de sentir pendant quelques semaines des douleurs à type de crampes à la racine des cuisses ou une gêne douloureuse au niveau périnéal.
– Problèmes de cicatrisation : En cas de douleur intense ou d’écoulement anormal au niveau de la cicatrice, l’opéré doit contacter le chirurgien.
– Erosion de l’urètre : L’érosion de l’urètre par la bandelette est un risque possible, très rare. Exceptionnellement, un retrait du dispositif par une nouvelle intervention peut être nécessaire.
Il est rappelé que toute intervention chirurgicale comporte un certain nombre de risques y compris vitaux, tenant à des variations individuelles qui ne sont pas toujours prévisibles. Certaines de ces complications sont de survenue exceptionnelle (plaies des vaisseaux, des nerfs et de l’appareil digestif) et peuvent parfois ne pas être guérissables. Au cours de cette intervention, le chirurgien peut se trouver en face d’une découverte ou d’un événement imprévu nécessitant des actes complémentaires ou différents de ceux initialement prévus, voire une interruption du protocole prévu.
Fiche Information AFU